Ny-Alesund, Amundsen et Nobile
Prenez l’Archipel du Svalbard et son île la plus grande ; le Spitzberg. Partez plein Ouest à un peu plus de cent kilomètres de Longyearbyen et vous voici dans le Kongsfjord (Baie du Roi). Là, à 78°55’N se trouve le village le plus haut du monde en latitude : Ny-Alesund (prononcez « nu-alesound »). La première installation humaine est liée au charbon, avec l’exploitation de la mine dès 1917 qui sera fermée douze ans plus tôt, puis ré-ouverte après la seconde guerre mondiale. En 1945, Ny-Alesund est une communauté de près de deux cents personnes avec sa propre école. Le 5 novembre 1962, un terrible accident tue vingt et un mineurs, onze corps seulement seront récupérés dans les décombres. Au total, soixante seize personnes perdirent la vie entre 1946 et 1962 dans cette mine. 1963, marquera la fermeture définitive de cette dernière et le départ des familles de Ny-Alesund.
En 1966, l‘Institut de Géophysiques de Tromsø établit une section de recherche, suivi l’année suivante par l’Agence Spatiale Européenne. Enfin en 1968, l’Institut polaire norvégien s’y installe afin de mener un programme de recherche permanent. Aujourd’hui, ce petit village est exclusivement occupé par des scientifiques de quinze pays différents. Environ trente personnes hivernent chaque année, alors que la population estivale est d’environ cent cinquante âmes.
Mais Ny-Alesund, c’est aussi un haut lieu de l’histoire polaire, notamment marquée par le norvégien Roald Amundsen, l’italien Umberto Nobile et l’américain Lincoln Ellsworth. En effet, après avoir atteint le pôle Sud le 14 décembre 1911 et franchi le passage du Nord Est (1918-1921), Amundsen souhaite réaliser le premier vol transpolaire. Son idée : rejoindre l’Alaska en partant du Spitzberg, le tout en passant par le Pôle Nord. Il choisi pour ce périple d’utiliser un dirigeable qu’il achète au constructeur italien Umberto Nobile. Le dirigeable, baptisé Norge, mesure cent six mètres de long sur vingt-cinq de haut et vingt de large. Il est équipé de trois moteurs de 250 CV situés, un à l’arrière, un à bâbord et l’autre à tribord. Sa vitesse est de quatre-vingts kilomètres par heure mais dépend beaucoup du vent. Son autonomie est de 5 200 kilomètres.
Le Norge part d’Italie le 10 avril 1926 et arrive à Ny-Alesund le 7 mai où comme à chaque étape, un mât d’amarrage sera dressé. Le dirigeable décolle le 11 et bénéficiant de conditions météo favorables, atteint le Pôle Nord le 13 à 1h25. Une brève cérémonie a lieu lors de laquelle Amundsen lance de la nacelle le drapeau norvégien qui se plante dans la glace, le drapeau américain est lancé par Ellsworth, et celui de l’Italie par Nobile. Après avoir été mise en péril au-dessus de l’Alaska, l’expédition arrive saine et sauve le 15 mai à pointe Barrow, le cap le plus septentrional de l’Alaska, sur les bords du détroit de Béring. Mais pendant ce vol, l’entente entre Nobile et Amundsen s’est gravement dégradée, l’un reprochant à l’autre de s’accaparer les mérites de cette expédition.
Le succès, largement exploité par le gouvernement fasciste italien, est total. Après une tournée au États-Unis et au Japon, Nobile prépare un deuxième voyage, italien cette fois, vers le Pôle avec son nouveau dirigeable, l’Italia. Le 23 mai 1928 à 4h25, le dirigeable s’envole du Spitzberg et atteint le point le plus au nord de la planète la nuit suivante à 00h45. Mais les conditions de retour vers la Baie du Roi sont difficiles ; le vent augmente, le givre envahit le dirigeable et le gouvernail se bloque. L’Italia pique vers la banquise et s’y écrase lourdement. Dix hommes, parmi lesquels Nobile, furent projetés sur la glace pendant que le dirigeable reprenait de la hauteur emportant avec lui les autres membres de l’équipage qui disparurent sans laisser de trace. Les survivants, plus chanceux, disposaient du matériel tombé lors de l’impact de la nacelle : de la nourriture, une radio et une tente rouge qui leur permit de survivre sept semaines. Après l’incident, une première expédition internationale de secours partit, et un mois plus tard, Nobile fut sauvé avec un petit avion suédois.
Pendant ce temps, Amundsen qui a appris la disparition de l’expédition, veut se lancer à la recherche de Nobile, malgré les tensions que les deux hommes ont pu avoir. C’est également pour cette raison, que Musolini refuse de lui fournir de l’aide. La France se propose alors de lui fournir un hydravion ainsi que cinq membres d’équipage. Ils ne reviendront jamais et on ne saura rien de cette tragique disparition à proximité de Bjørnøya (l’Ile aux Ours). Le 1er septembre 1928, un navire retrouve un flotteur de l’appareil indiquant que celui-ci s’est probablement abîmé en mer.
Bonjour Samuel,
J’aime beaucoup les photos que tu as pris.
Elle sont vraiment magnifiques!
Est-ce-que en Arctique tu as vu des lièvres,des renards,des loups arctiques et des ours polaires.
Justine de la classe des C.E.1, maintenant en C.E.2!