Le phoque de Ross

C’est au cours de l’expédition britannique menée en Antarctique par James Clark Ross en 1840, que le phoque de Ross fut découvert. Avec une taille à l’âge adulte de 2 m et un poids de 170 à 190 kg, c’est le plus petit phoque de l’hémisphère Sud. Plusieurs critères permettent de l’identifier : ses yeux disproportionnés par rapport à son corps, laisse supposer qu’il plonge à de grandes profondeurs d’où son nom de genre qui commence par « omma » (Ommatophoca rossii) qui signifie « les yeux » en Grec. Un autre critère important sont les lignes plus ou moins visibles selon l’âge de l’individu, qui partent de la bouche et se terminent vers la base des nageoires pectorales. Ces dernières sont légèrement plus en avant du corps par rapport aux autres pinnipèdes de la région. Selon les ouvrages son aire de répartition est tantôt circumpolaire, tantôt localisée à la mer de Ross et de Weddell.

A vrai dire, c’est le phoque pour lequel les scientifiques ont le moins d’informations. En effet l’espèce semble être localisée à la banquise épaisse et solide, il est par conséquent particulièrement difficile d’approcher de son biotope pour l’étudier. Aujourd’hui, alors que nous naviguions par 63°Sud, un point noir sur la banquise a été repéré. En s’approchant doucement, il s’avère que c’est un phoque, mais impossible de l’identifier de manière certaine, puisqu’il nous tourne le dos. Les naturalistes et biologistes du bord se regardent avec des visages sur lesquels s’affichent l’incompréhension la plus totale. Ce phoque ne ressemble en rien à ce que nous connaissons : trop petit pour être un jeune léopard de mer, pas assez tacheté pour un phoque de Weddell, une tête qui ne s’apparente pas à celle d’un phoque crabier… Soudain il se retourne, nous sommes à 30 mètres, plus de doute : les lignes certes diffuses qui partent de sa bouche et des yeux vers l’arrière du corps, ainsi qu’une nette démarcation entre la couleur du corps et du ventre, confirment notre « tardive » identification. Il s’agit d’un phoque de Ross ! Incroyable, personne ici n’imaginait rencontrer ce phoque si loin de la banquise compacte (qui est à 200 km d’où nous sommes). Le chef d’expédition n’en revient pas lui même : le phoque le plus difficile à voir, sur lequel nous ne savons quasiment rien, et qu’il n’a aperçu que 4 fois alors qu’il vient ici depuis environ 25 ans, est là devant nous à quelques mètres et nous l’observons pendant 10 minutes !

Encore une belle et grande surprise réservée par l’océan austral alors que nous remontons vers le Nord.


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