L’albatros royal de l’île Campbell
Je dois bel et bien me rendre à l’évidence et avouer que ce que je viens de voir de mes propres yeux aujourd’hui est tout simplement à « classer » dans les des plus belles choses que j’ai pu observer dans ma vie de naturaliste. Certes il y a la rencontre en 2005 avec les manchots empereurs, ou encore celle avec l’ours polaire du grand Nord, mais je rajouterai dans mon « top 3 » (s’il devait y en avoir un), les scènes auxquelles j’ai pu assister aujourd’hui pendant cinq longues heures, mais il faut que je vous présente le contexte.
Depuis le niveau de la mer, un caillebotis zigzagant dans la végétation vous emmène jusqu’à un col situé à environ 200 mètres d’altitude. Là, vous vous arrêtez, sortez du chemin et vous asseyez dans de la végétation composée de coussin de mousses, de lichens et de tussoc. Vous êtes également entouré de superbes lys de Ross d’un jaune éclatant. De ce site, vous avez une vue à 180° avec en fond, le fjord d’où vous êtes parti et tout autour, les sommets culminants à quelques centaines de mètres de l’île Campbell. Vous avez prévu de restez de longues heures, puisque vous accompagnent, un bon piquenique, de l’eau et l’inévitable tablette de chocolat (bio bien sûr). Devant vous, se trouve à environ une dizaine de mètres, un bel oiseau tout de blanc et noir vêtu, qui avec ses 3,40 m d’envergure et un poids compris entre 6 et 12 kg, est l’un des oiseaux les plus grands au monde. Il s’agit de l’albatros royal du Sud. Ce grand voilier, passe 90% de sa vie à errer en vol au-dessus des océans de l’hémisphère Sud, ne revenant à terre que pour se reproduire environ une fois tous les deux ans.
C’est cet oiseau, ou plus justement un couple que j’ai eu là, juste devant moi et qui entamèrent cette fameuse danse des albatros composée de papouilles, claquements de bec, attentions en tout genre qui s’est au fil des années perfectionnée, peaufinée, parfaitement synchronisée, pour aboutir à une mise en couple à vie de deux adultes.
Se furent des scènes incroyables qui défilèrent devant mes yeux ! Je redescendis en fin d’après-midi de mon petit nuage, pardon du col et en rentrant je glissa à mon chef d’expédition, que je n’imaginais que quelque chose de ce genre puisse exister dans le règne animal et pourtant…
EXCELLENTE ANNEE 2012 à toutes et à tous !
Merci Samuel de nous faire vivre -comme si on y était- cette parade amoureuse de l’albatros royal du Sud.
Bonne année à toi au moment où tu vas retrouver ton « albatros » royale, au Sud…
Puissions-nous, ici au Nord, ne pas le perdre plus cette année ! Souhaitons-nous de garder le Cap (même s’il n’est pas Horn) pour franchir tous les détroits (même s’ils ne sont ni de Drake, ni de Béring) ! Et formulons le voeu qu’avec la simplicité du noir et blanc, nous sachions tel l’albatros, mettre de la couleur et de l’envergure dans nos rencontres…