Centenaire de l’épopée du Karluk

Il y a tout juste 100 ans, les 12 survivants de l’expédition du Karluk étaient récupérés sur l’île Wrangel, après y avoir passés 180 jours. Retour sur cette fantastique épopée pour célébrer ce centenaire…
En 1880, le Canada reçoit de la Grande-Bretagne la confirmation de son autorité sur toutes les îles de l’Arctique qui s’étendent vers le Nord, depuis la partie continentale du pays.

Vilhjalmur Stefansson

Devant les incursions répétées d’explorateurs étrangers, de chasseurs de phoques et de baleines sur son territoire, le Canada décide d’explorer cette région de l’Arctique afin de mieux connaître son étendue. C’est à ce moment-là que l’explorateur et ethnologue Vilhjalmur Stefansson fait parler de lui. Après de précédentes expéditions en Arctique, il demande des fonds additionnels au Canada pour une exploration du nord du continent américain, organisée par le Muséum américain d’histoire naturelle. Le Premier ministre canadien de l’époque, conscient des préoccupations relatives à la souveraineté dans le Nord, décide de financer entièrement l’expédition. Ainsi naît l’Expédition canadienne dans l’Arctique.
Stefansson achète pour l’occasion le Karluk, un navire de 39 mètres de long. Le bateau a déjà participé à plusieurs missions dans le grand Nord pour la chasse à la baleine, mais il n’est pas vraiment adapté pour naviguer dans les glaces. L’expédition quitte la Colombie-Britannique le 17 juin 1913 avec à son bord 31 personnes, dont le photographe et explorateur polaire Hubert Wilkins. Dans les rangs également, Alister Mackay et James Murray, tous deux vétérans de l’expédition Nimrod dirigée par Ernest Shackleton en Antarctique (1907-1909).

Pris au piège dans les glaces

Le 13 aout 1913, le Karluk se trouve prisonnier des glaces dans l’océan Arctique. Il sombre 5 mois plus tard sous les terribles assauts de la banquise. Après avoir vécu sur cette dernière dans un camp composé de matériaux débarqués du navire avant la tragédie, les rescapés décident de partir vers l’île Wrangel. Ils l’atteignent le 12 mars 1914 après 130 kilomètres parcourus en plein hiver arctique. Conscient de l’état de santé de certains des membres de l’expédition, et tout en sachant que leurs chances de sauvetage dans cette zone reculée des routes maritimes traditionnelles sont réduites, le commandant Robert Bartlett décide alors de quitter l’île. Il part accompagné d’un inuit sur la banquise, afin d’atteindre la côte nord de la Russie et d’y chercher du secours. Après un périple de plus de 300 kilomètres sur la glace de mer et plus de 1 000 autres sur la côte de la Tchoukotka, Bartlett arrive finalement à se faire embarquer pour Nome en Alaska et de là, à alerter les secours. Après de nombreux rebondissements, il s’embarque finalement sur le Bear vers l’île Wrangel pour secourir ses camarades. Le 8 septembre 1914, il rencontre un navire qui vient en sens inverse depuis Wrangel. Il s’agit du King and Winge avec à son bord… les rescapés de l’île ! Bartlett avait pu à alerter quelques navires de la difficile situation à Wrangel des membres de l’expédition, et le King and Winge avait réussi à les récupérer avant lui, le 7 septembre 1914. Trois personnes manquaient alors à l’appel, décédées sur l’île avant l’arrivée des secours.

Voici en résumé le récit de cette formidable épopée, que nous souhaitions vous faire partager, 100 ans jour pour jour après son issue…

Sources et références

  • Robert A. Bartlett, The Karluk’s Last Voyage: An Epic of Death and Survival in the Arctic, Cooper Square Press, 2001
  • Jennifer Niven, The Ice Master: The Doomed 1913 Voyage of the Karluk and the Miraculous Rescue of her Survivors, Hyperion, 2000
  • William Laird McKinlay, The Last Voyage of the Karluk: A Survivor’s Memoir of Arctic Disaster, St. Martin’s Griffin, 1999 (consulter)
  • Buddy Levy, Empire of Ice and Stone – The Disastrous and Heroic Voyage of the Karluk, Macmillan Publishers, 1999 (consulter)


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